L’impact du Yémen sur vos imports d’Asie.

Dans un monde où le commerce international est devenu la norme, certaines régions clés jouent un rôle déterminant dans la fluidité des échanges économiques. Parmi elles, la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb sont des passages incontournables pour les navires transportant des marchandises entre l’Europe et l’Asie. Cependant, la situation politique instable au Yémen, pays stratégiquement situé à l’entrée sud de la mer Rouge, a des répercussions majeures sur le commerce mondial. Les récents événements impliquant les rebelles Houtis et leurs actions hostiles envers les navires de commerce ont engendré des défis considérables pour les importateurs, notamment ceux en provenance d’Asie.

Une région du monde stratégique pour le commerce mondial :

Reliant la Méditerranée à l’océan Indien via le Canal de Suez, la mer Rouge est d’une importance stratégique cruciale pour l’économie mondiale et le commerce entre l’Europe et L’Asie : en temps normal, 20000 navires passent par le Canal annuellement, totalisant 12% du commerce mondial. Les importateurs européens de produits chinois, ou d’autres pays d’Extrême Orient, voient systématiquement leur marchandise expédiée par voie maritime passer par la mer Rouge et le Canal de Suez.

Dans ce contexte, la localisation du Yémen est d’autant plus stratégique pour le commerce mondial qu’il se situe à l’entrée sud de la mer Rouge. Son littoral borde le détroit de Bab el-Mandeb. Ce détroit relie la mer Rouge à la mer d’Arabie et à l’océan Indien, constituant un passage obligé et étroit pour les navires en provenance ou à destination du canal de Suez.

La stabilité et la sécurité dans cette région sont donc impératives pour assurer un passage sûr aux navires de commerce. Tout conflit ou tension dans le détroit de Bab el-Mandeb a  des répercussions majeures sur le commerce international. Ainsi, la localisation du Yémen à l’entrée sud de la mer Rouge en fait un point stratégique pour la navigation mondiale.

La situation au Yémen, et son impact sur vos imports :

Or, depuis l’automne, et les évènements à Gaza, les rebelles Houtis du Yémen ont déclaré la guerre à Israël. Et pour prouver leur puissance face au gouvernement yéménite, ils ont commencé par bombarder Israël depuis les 20 à 30% du territoire yéménite dont ils ont le contrôle. Depuis, ils poursuivent des actes de piraterie au large de leurs côtes, sabordant les bateaux de commerce, porte-conteneurs comme tankers, qui auraient des intérêts avec Israël. Pour cela, ils utilisent des missiles, des drones, des hélicoptères, et même des hydravions.

Les conséquences se font sentir depuis fin décembre : du fait du nombre de navires attaqués, le géant des hydrocarbures BP a arrêté de faire transiter ses bateaux par le détroit de Bab el-Mandeb, engendrant de facto une hausse du prix du pétrole. Pour les cargos qui passent dans cette région, les primes d’assurance ont explosé, coût que les transitaires, et donc les importateurs, retrouvent en pied de facture.

Au final, le nombre de porte-conteneurs à l’embouchure de la mer Rouge en direction ou en provenance du canal de Suez était en baisse de 90 % au cours de la première semaine de janvier par rapport au début de 2023.

La plupart des bateaux passent dorénavant par le cap de Bonne Espérance, à la pointe australe de l’Afrique du Sud. En plus de représenter un surcout en termes de transport, cela rallonge aussi le délai de transport depuis l’Asie de près de deux semaines.

Tous les importateurs sont confrontés à cette situation. En l’état actuel des choses, la coalition militaire occidentale en mer Rouge n’a pas réussi à freiner les ardeurs des rebelles Houtis, impactant l’industrie mondiale, et notamment européenne. Il y a quelques jours, Tesla et Volvo ont annoncé qu’ils allaient suspendre en partie leur production, le temps de disposer de composants qui vont arriver avec retard d’Asie.

A quelles problématiques les importateurs de produits chinois vont-ils être confrontés, et comment les résoudre ?

L’allongement des temps de transport crée un vide dans les chaînes d’approvisionnement, et vous risquez de vous retrouver en rupture de stock. Pour cela, contactez sans tarder votre transitaire pour connaitre la situation, savoir si les portes conteneurs qu’il gère sont amenés à passer par le canal de Suez, ou bien s’ils contournent l’Afrique via le cap de Bonne Espérance, et les délais constatés. En conséquence de ces informations, il vous sera aisé de prévoir des réapprovisionnements plus tôt qu’à l’accoutumée, afin de ne pas tomber en rupture de stock. Au risque d’insister, il est impératif de bien faire confirmer les délais aux transitaires : jusqu’à aujourd’hui, les ETA qui sont encore communiquées par les compagnies maritimes ne sont pas les bonnes, et ne tiennent pas compte du changement d’itinéraire via le cap de Bonne Espérance. Pour cela, il convient de rajouter deux semaines !

Le risque de perte d’un conteneur, du fait du conflit, existe. Et pour cela, il est impératif de souscrire une assurance… Mais aussi de voir dans quel cadre l’assurance souscrite pourra couvrir la perte de la marchandise en temps de guerre. Les cas dits « de force majeur », comme ça peut être le cas lors d’un conflit armé, ne sont pas nécessairement couverts par les polices d’assurance. Là aussi, votre transitaire, qui souscrit normalement l’assurance pour vous (sur demande), pourra vous répondre ou vous aiguiller. Certes, ça ne remplacera pas la marchandise, et les problématiques commerciales que risque d’engendrer la destruction de celle-ci, mais cela permettra au moins de palier à la perte sèche.

L’augmentation du cout de transport sera le même pour tout le monde : vos concurrents y seront aussi confrontés. Mais il risque d’impliquer nécessairement une augmentation de vos prix, tout comme ceux de vos concurrents. Vous pouvez aussi confronter des cotations de transport maritime à des cotations ferroviaires. Ce moyen de transport est de plus en plus usité depuis la Chine. Il règle les problématiques de risque pour la marchandise (détaillés au paragraphe précédent), tout en diminuant potentiellement les délais (à voir en fonction des lieux de départ et de destination), et permet potentiellement de freiner l’explosion des couts de transport.

Évidemment, tant que faire se peut, privilégier un sourcing local plutôt qu’un sourcing international évite d’être confronté à ces écueils. On en revient à la problématique de dépendance des nations vis-à-vis d’autres, vécue durant la pandémie. Pour autant, un pays comme la Chine reste l’usine du monde. Et quantité d’articles sont dorénavant difficiles à acheter ailleurs, ou alors à des tarifs incompatibles avec les attentes du marché.

Ces difficultés internationales restent difficilement contournables pour les entreprises qui ont fais le choix d’un sourcing global et mondial. Faire appel au conseil d’un expert en sourcing, tel que nous-mêmes, permet de se tenir informé, et aussi d’être conseillé quant à la mise en place de solutions qui, sans régler le problème, permettront toutefois de l’atténuer. Notre équipe reste à votre disposition dans ce cadre.